Page:Sand - Constance Verrier.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mot fit tressaillir ; non ! on ne doit jamais tromper son égal en raison et en courage.

— C’est donc à dire, reprit involontairement Raoul, qu’on le peut, qu’on le doit peut-être, quand on doute de son courage et de sa raison ?

— Celui ou celle dont on doute ainsi, dit Constance, cesse d’être avec vous sur le pied de l’égalité… à moins qu’il ne soit malade, fou momentanément… Mais nous nous portons bien, mon cher Abel, et nous pouvons tout nous dire.

Constance répétait là, à sa manière et à son point de vue, ce que la duchesse avait dit à Raoul. « On peut tromper un petit enfant pour son bien ; on ne peut répondre à toutes ses questions ; mais, quand on trompe sa femme, on l’avilit ou on s’avilit soi-même. »

Constance ne parut pas s’apercevoir de son trouble et reprit, comme s’il elle eût pourtant deviné : — Mais je ne crois pas nécessaire de s’arracher l’un à l’autre des aveux inutiles. Si vous me voyez souffrir quelquefois… d’une migraine ou d’un malaise quelconque, j’aime mieux que vous ne me questionniez pas : ce serait ajouter à ma petite souffrance le chagrin qu’elle vous cause. N’est-ce pas puissamment raisonné ? ajouta-t-elle avec un sourire qui déchira le cœur de son fiancé.

Raoul obtenait, cependant, le résultat que bien d’autres, à sa place, eussent vivement souhaité. Constance déliait délicatement sa conscience de l’affreuse crainte d’avoir à se confesser ou à mentir. Il avait dit à la Mozzelli qu’il redoutait plus, de la part de sa fian-