Page:Sand - Constance Verrier.djvu/41

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chaussures, on les prive de coiffures aussi. On a seulement daigné condescendre aux besoins impérieux de la coquetterie en leur permettant un chapeau de paille pas beaucoup plus grand qu’une pièce de cent sous, qui se fixe sur le milieu du front ou sur la tempe gauche, au moyen d’un cordon de laine écarlate. Je vous laisse à penser comme cela nous préserve et nous protège ! Mais, en revanche, les hommes ont de bons chapeaux de paille ou de feutre à pleins bords.

« Ces rois de la création cultivent peu la terre ; ils se contentent d’exploiter le roc et de promener, sur des charrettes, de gigantesques morceaux de sucre qu’ils font passer pour du marbre. Les femmes s’occupent des produits de la campagne ; ce sont elles qui en trafiquent : mais, comme les torrents sont énormes, et que la bonne administration du souverain a jugé inutile de faire faire des chaussées et des ponts, chaque jour de marché, on voit, sur les rives de la Magra ou de toute autre rivière, habituellement débordée, les femmes de tout âge retrousser tranquillement leurs jupes, mettre leurs denrées sur leur tête et entrer dans l’eau jusqu’à la ceinture, parfois jusqu’au menton, à leurs risques et périls, et cela sur un parcours d’une heure et demie, car les torrents en prennent à leur aise et occupent souvent un lit d’une lieue de large. Le rivage est souvent plein d’étrangers avertis de cette exhibition, et qui viennent de loin pour assister à la franche et triste nudité de ces pauvres femmes.