Page:Sand - Constance Verrier.djvu/91

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même milieu que le mien, vous ne vaudriez peut-être pas mieux que moi à l’heure qu’il est.

— Oh ! cela est fort possible ! répondit Constance avec bonté. Laissez-moi justement partir de là pour vous dire que vous n’êtes pas ce que vous pourriez être. Vous avez une très-grande intelligence et des forces réelles, des forces étonnantes pour opérer des révolutions dans votre existence. Tout ce que vous nous avez dit en est la preuve. Je ne sais pas si, dans les mêmes situations, j’eusse trouvé autant de ressources dans ma volonté et de courage dans mon caractère. Voilà pourquoi je ne veux pas que vous ayez le droit de rester en chemin et de vous arrêter à ce paradoxe, — car c’en est encore un, croyez-moi ! — qu’une moitié du genre humain a le monopole de l’amour vrai, tandis que l’autre sexe est relégué dans le cercle de la brute. Cette belle maxime me paraît dictée par l’amertume du cœur et par un reste de maladie de l’intelligence. Après des années de suicide moral, il est naturel que vous ayez encore de ces plaintes-là sur les lèvres, par habitude ! Mais vous devriez, je crois, vous raisonner encore et très-souvent, afin d’arriver à l’esprit de justice, sans lequel il n’y a ni raison ni bonté sérieuses. À mon tour, j’ai dit.

— Eh bien, mais ! c’est fort bien dit, s’écria la duchesse, qui écoutait Constance avec beaucoup d’attention, et qui avait eu les yeux fixés sur elle pendant presque tout le récit de la cantatrice. Je vois que nous sommes parfaitement d’accord toutes deux, parce que