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consuelo.

tative au comte Christian, dont le grand âge et la santé affaiblie ne pourraient se prêter à une pareille course durant la nuit froide et malsaine, et qui cependant voudrait s’y associer s’il en avait connaissance.

Tout fut exécuté ainsi que Consuelo l’avait désiré. Le baron, le chapelain et Hanz l’accompagnèrent. Elle s’avança seule, à cent pas de son escorte, et monta sur le Schreckenstein avec un courage digne de Bradamante. Mais à mesure qu’elle approchait, la lueur qui lui paraissait sortir en rayonnant des fissures de la roche culminante s’éteignit peu à peu, et lorsqu’elle y fut arrivée, une profonde obscurité enveloppait la montagne du sommet à la base. Un profond silence et l’horreur de la solitude régnaient partout. Elle appela Zdenko, Cynabre, et même Albert, quoiqu’en tremblant. Tout fut muet, et l’écho seul lui renvoya le son de sa voix mal assurée.

Elle revint découragée vers ses guides. Ils vantèrent beaucoup son courage, et osèrent, après elle, explorer encore les lieux qu’elle venait de quitter, mais sans succès ; et tous rentrèrent en silence au château, où la chanoinesse, qui les attendait sur le seuil, vit, à leur récit, s’évanouir sa dernière espérance.

XXXVIII.

Consuelo, après avoir reçu les remerciements et le baiser que la bonne Wenceslawa, toute triste, lui donna au front, reprit le chemin de sa chambre avec précaution, pour ne point réveiller Amélie, à qui on avait caché l’entreprise. Elle demeurait au premier étage, tandis que la chambre de la chanoinesse était au rez-de-chaussée. Mais en montant l’escalier, elle laissa tomber son flambeau, qui s’éteignit avant qu’elle eût pu le ramasser.