Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/123

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tantôt nonchalant, tantôt rapide, entre des rochers couverts d’une végétation toute nouvelle pour moi, car nous nous avancions vers le nord, et l’air était plus frais, sinon plus pur que celui de mon pays. Tout était différent. Ce n’était plus le silence et la majesté du désert. C’était un monde de luxe et de fêtes ; partout sur le fleuve des barques à la poupe élevée en forme de croissant, garnies de banderoles de soie lamée d’or, suivies de barques de pêcheurs ornées de feuillage et de fleurs. Sur le rivage, des populations riches sortaient de leurs habitations élégantes pour venir s’agenouiller sur mon passage et m’offrir des parfums. Des bandes de musiciens et de prêtres accourus de toutes les pagodes mêlaient leurs chants aux sons de l’orchestre qui me précédait.

» Nous avancions à très petites journées dans la crainte de me fatiguer, et deux ou trois fois par jour on s’arrêtait pour mon bain. Le fleuve n’était pas toujours guéable sur les rives. Aor me laissait sonder avec ma trompe. Je ne voulais me risquer que sur le sable le plus fin et dans l’eau la plus pure. Une fois sûr de mon point de départ,