Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/182

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trempé dans l’eau glacé du lac, commences-tu à te ravoir ? peux-tu parler à présent ?

— Je me sens bien, répondis-je. Et vous, maître vous n’étiez donc pas mort ?

— Apparemment ; j’ai du mal aussi, mais ce ne sera rien. Nous l’avons échappé belle !


En essayant de rassembler mes souvenirs confus, je me mis à chanter.

— Que diable chantes-tu là ? dit maître Jean surpris. Tu as une singulière manière d’être malade, toi ! Tout à l’heure, tu ne pouvais ni parler ni entendre, et à présent monsieur siffle comme un merle ! Qu’est-ce que c’est que cette musique-là ?

— Je ne sais pas, maître.

— Si fait ; c’est une chose que tu sais, puisque tu la chantais quand la roche s’est ruée sur nous.

— Je chantais dans ce moment-là ? Mais non, je jouais l’orgue, le grand orgue du titan !

— Allons, bon ! te voilà fou, à présent ? As-tu pu prendre au sérieux la plaisanterie que je t’ai faite ?


La mémoire me revenait très nette.