Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/206

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sur la terre le funeste esprit de la vie qui me brave, nous verrons s’il fera de toi quelque chose, à présent que, grâce à moi, tu n’es plus rien.

« Et, me lançant dans les abîmes du vide, il m’oublia à jamais.

» Je roulai jusqu’à la clairière et me trouvai anéanti à côté de la rose, plus riante et plus embaumée que jamais.

» — Quel est ce prodige ? Je te croyais morte et je te pleurais. As-tu le don de renaître après la mort ?

» — Oui, répondit-elle, comme toutes les créatures que l’esprit de vie féconde. Vois ces boutons qui m’environnent. Ce soir, j’aurai perdu mon éclat et je travaillerai à mon renouvellement, tandis que mes sœurs te charmeront de leur beauté et te verseront les parfums de leur journée de fête. Reste avec nous ; n’es-tu pas notre compagnon et notre ami ?

» J’étais si humilié de ma déchéance, que j’arrosais de mes larmes cette terre à laquelle je me sentais à jamais rivé. L’esprit de la vie sentit