Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/276

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pures et les broderies merveilleuses qu’elle savait faire, disait :

— C’est une véritable fée !

Barbara ne semblait pas indifférente à ce compliment, et elle avait coutume de répondre :

— Qui sait ? Peut-être ! peut-être !

Un jour, Elsie lui demanda si elle disait sérieusement une pareille chose, et miss Barbara répéta d’un air malin :

— Peut-être, ma chère enfant, peut-être !

Il n’en fallut pas davantage pour exciter la curiosité d’Elsie ; elle ne croyait plus aux fées, car elle était déjà grandelette, elle avait bien douze ans. Mais elle regrettait fort de n’y plus croire, et il n’eût pas fallu la prier beaucoup pour qu’elle y crût encore.

Le fait est que miss Barbara avait d’étranges habitudes. Elle ne mangeait presque rien et ne dormait presque pas. On n’était même pas bien certain qu’elle dormît, car on n’avait jamais vu son lit défait. Elle disait qu’elle le refaisait elle-même chaque jour, de grand matin, en s’éveillant, parce qu’elle ne pouvait dormir que dans