Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/40

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Quand elle lui eut tout montré :

— À présent, lui dit-elle, je pense que tu ne voudras plus me quitter. J’ai besoin d’un gars, et, si tu veux être à mon service, je te ferai mon héritier.

— Merci, répondit l’enfant ; je ne veux pas mendier.

— Eh bien, soit, tu voleras pour moi.

Emmi eut envie de se fâcher, mais la vieille avait parlé de le conduire le lendemain à Mauvert, où se tenait une grande foire, et, comme il avait envie de voir du pays et de connaître les endroits où on peut gagner sa vie honnêtement, il répondit sans montrer de colère :

— Je ne saurais pas voler, je n’ai jamais appris.

— Tu mens, reprit Catiche, tu voles très habilement à la forêt de Cernas son gibier et ses fruits. Crois-tu donc que ces choses-là n’appartiennent à personne ? Ne sais-tu pas que celui qui ne travaille pas ne peut vivre qu’aux dépens d’autrui ? Il y a longtemps que cette forêt est quasi abandonnée. Le propriétaire était un vieux riche qui ne s’occupait plus de rien et ne la