Page:Sand - Contes d’une grand’mère, 1906.djvu/48

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— Et où voudrais-tu aller ?

— Je voudrais retourner dans ma forêt de Cernas sans passer par Oursines-les-Bois.

— Tu demeures à Cernas ? C’est bien aisé de t’y mener, puisque de ce pas je m’en vas dans la forêt. Tu n’auras qu’à me suivre ; j’entre souper sous la ramée, attends-moi au pied de cette croix, je reviendrai te prendre.

Emmi trouva que la croix du village était encore trop près de la baraque des saltimbanques ; il aima mieux suivre le père Vincent sous la ramée, d’autant plus qu’il avait besoin de se restaurer avant de se mettre en route.

— Si vous n’avez pas honte de moi, lui dit-il, permettez-moi de manger mon pain et mon fromage à côté de vous. J’ai de quoi payer ma dépense : tenez, voilà ma bourse, vous payerez pour nous deux, car je souhaite payer aussi votre dîner.

— Diable ! s’écria en riant le père Vincent, voilà un gars bien honnête et bien généreux ; mais j’ai l’estomac creux, et ta bourse n’est guère remplie. Viens, et mets-toi là. Reprends ton argent, petit, j’en ai assez pour nous deux.