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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

jambes est auprès de la cheminée dudit appartement, que l’autre est encore dans la salle à manger. Si cet état fâcheux continue, je vous prie de m’acheter une de ces brouettes dans lesquelles on voiture les culs-de-jatte dans les rues de Paris ; nous y attellerons Brave, et nous parcourrons ainsi les villes et les campagnes, pour attirer la pitié des âmes sensibles. Fleury fera des tours de force, et Charles avalera des épées comme les jongleurs indiens, ou des souris comme Jacques de Falaise ; on lui laissera le choix.

Et, à propos de Brave, je viens de lui rendre visite dans sa niche. Après les politesses d’usage, je lui ai lu le paragraphe de votre lettre qui le concerne. Il en a été fort mécontent, et, me suivant dans mon cabinet, où il est présentement étendu devant le feu, il m’a prié d’écrire sous sa dictée une réponse aux accusations dont vous le chargez. Je souscris à sa demande, et vous quitte pour servir d’interprète à ce bon animal.

Adieu donc, mes chers camarades ; écrivez-moi souvent. Quelque bêtes que vous puissiez être, je vous promets de n’être jamais en reste avec vous. Je vous tiens quitte des compliments.

Pauvre Fleury ! accouchez donc vite de ce fatal choléra-morbus, prenez du tabac à fortes doses, il partira dans les éternuements.

Et vous, jeune Charlot, au milieu des tumultueux plaisirs de cette ville de bruit et de prestiges, n’oubliez pas la plus ancienne de vos amies.