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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

injurieux sur notre patriotisme et notre moralité.

D’abord, examinons les faits qu’on m’attribue.

M. Fleury, mon principal accusateur, prétend :

1o Que moi, Brave, assis sur mon postérieur, j’ai été surpris par lui, Fleury, réfléchissant aux malheurs que des factieux ont attirés sur la tête de l’ex-roi de France Charles X.

M. Fleury insiste sur l’expression de factieux dont il assure que je me suis servi.

2o Il prétend m’avoir surpris lisant la Quotidienne en cachette. Et, d’après ces deux chefs d’accusation, il ne craint pas de se répandre en invectives contre ma personne, de me traiter tour à tour de carliste, de jésuite, d’ultramontrain, de serpent, de crocodile, de boa, d’hypocrite, de chouan, de Ravaillac !

Quelle âme honnête ne serait révoltée à cette épouvantable liste d’épithètes infamantes ; épithètes gratuitement déversées sur un chien de bonne vie et mœurs, d’après deux accusations aussi frivoles, aussi peu avérées !

Mais je méprise ces outrages et n’en fais pas plus de cas que d’un os sans viande.

M. Fleury ment à sa conscience lorsqu’il rapporte avoir entendu sortir de ma gueule le mot de factieux appliqué aux glorieux libérateurs de la patrie. Je vous le demande, ô vous qui ne craignez pas de flétrir la réputation d’un chien paisible, ai-je pu me rendre coupable d’une aussi absurde injustice ? Pouvez-vous supposer que j’aie le moindre intérêt à méconnaître les