Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
168
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

J’aime toujours M. Duris-Dufresne de passion. Je vous dirai que j’ai vu madame Bertrand à la Chambre des députés. Elle était derrière moi dans la tribune des dames. Je lui ai offert ma place. J’ai été honnête, elle a été gracieuse, et l’histoire finit là.


LXII

À M. CHARLES DUVERNET, À LA CHÂTRE


Paris, 6 mars 1831.


Vous êtes un fichu paresseux, mon cher camarade ! Si nous n’étions d’anciens amis, je me fâcherais ; mais il faut bien vous pardonner, car on ne refait pas de vieux amis du jour au lendemain. Savez-vous qu’il se passe de belles choses, ici ? C’est vraiment très drôle à voir. La révolution est en permanence comme la Chambre. Et l’on vit aussi gaiement, au milieu des baïonnettes, des émeutes et des ruines, que si l’on était en pleine paix. Moi, ça m’amuse. J’en suis fâchée pour ceux à qui ça déplaît ; mais nous sommes au monde pour rire ou pour pleurer de ce que nous voyons faire. Et, bien que je pleure quelquefois tout comme une autre, pour le plus souvent je ris.

Dites-moi donc, mon camarade, vous avez parfois l’humeur bien noire, à ce qu’il paraît ? Le moyen de s’en dispenser ? Chez moi, la peine ne creuse guère ;