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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/206

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

pour vous-même. Plus tard, sans doute, il lui faudra étudier les diverses parties de votre édifice, il le fera par la lecture. J’ai fait, pendant cinq ou six ans, des extraits sur toutes les dynasties de la terre. C’était l’histoire enseignée à la manière des jésuites. Beaucoup de récits, pas une réflexion, pas une observation qui ne tournât à la plus grande gloire de Dieu, contre tout bon sens et toute vérité. Aussi, rien de ce fatras n’est resté dans mon cerveau fatigué. J’ai perdu cinq ou six ans de ma vie à désapprendre le sens commun. Les livres d’histoire, écrits tous sous l’empire de quelque passion politique ou de quelque préjugé religieux, ont tous besoin d’être rectifiés par un jugement sain. Ce n’est donc pas avec des livres qu’il faudrait enseigner, c’est avec votre mémoire et votre raison, n’est-il pas vrai, mon enfant ?

Bonjour. Je vous embrasse de toute mon âme, ainsi que votre bonne mère. Rendez-la bien heureuse, et revenez-nous, dès que vous pourrez vous arracher comme Régulus à tant d’affection.

Maurice vous embrasse aussi. Il fait la moue dans ce moment, parce que, dit-il, il s’est f par terre. Est-ce vous qui formez ainsi son style ?