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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Dites à Buloz que je lui écrirai des lettres, pour la Revue, sur mes voyages pédestres.

Je suis rentrée à Venise avec sept centimes dans ma poche ! Sans cela, j’aurais été jusque dans le Tyrol ; mais le besoin de hardes et d’argent m’a forcée de revenir. Dans quelques jours, je repartirai et je reprendrai la traversée des Alpes par les gorges de la Piave. Je puis aller loin ainsi, en dépensant cinq francs par jour et en faisant huit ou dix lieues, soit à pied, soit à âne. J’ai le projet d’établir mon quartier-général à Venise, mais de courir le pays seule et en liberté. Je commence à me familiariser avec le dialecte.

Quand j’aurai vu cette province, j’irai à Constantinople, j’y passerai un mois, et je serai à Nohant pour les vacances. De là, j’irai faire un tour à Paris et je reviendrai à Venise.

Je suis fort affligée du silence de Maurice et fort contente d’apprendre au moins qu’il se porte bien. Son père me dit qu’il travaille et qu’on est content de lui. Pour vous, je vous ai prié au moins dix fois de voir ses notes et de m’en rendre compte. Il faut que j’y renonce ; car vous ne m’en avez jamais dit un mot, gredin d’enfant ! Je suis enchantée que mon mari garde Solange à Nohant. De cette manière, il me plaît fort de conserver Julie, puisque je n’ai pas à la nourrir. Sans cet arrangement, j’eusse fait mon possible pour retourner à Paris, malgré le peu d’argent que j’aurais eu pour un si long voyage. Je puis