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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

rice, et une de Laure Decerf, qui me donne d’excellentes nouvelles de Solange.

Je suis donc en paix sur mes pauvres mioches ; mais je n’en suis pas moins affamée de les revoir, et je serai, au plus tard, à Paris pour la distribution des prix. Les notes de Maurice sont excellentes. Il m’écrit la lettre la meilleure et la plus laconique du monde. « Tu me demandes si j’oublie ma vieille mère, non. Je pense tous les jours à toi. Tu me dis de t’écrire, espère que je t’écrirai. Tu me demandes si je suis corrigé de mes caprices d’enfant, oui. »

Voilà son style ! on dirait un bulletin de la grande armée, et avec cela pas une faute d’orthographe ; je suis bien contente de lui.

Comment va Léontine ? Elle doit être bien grande, au train dont elle y allait quand je suis partie.

Es-tu toujours à Corbeil ? D’après ce que tu me dis, tu es dans un bon air et dans une belle situation. Si tu as envie d’aller à Nohant au mois d’août, nous irons ensemble avec Léontine et Émilie, si sa santé le permet et si le cœur lui en dit.

Tu me parais un peu dégoûté du pays ; mais il y aura une manière de ne pas trop s’apercevoir de ses désagréments. Ce sera de rester à fumer sur le perron, de bavarder à tort et à travers entre nous, et de dormir en chien sur le grand canapé du salon. Venise, avec ses escaliers de marbre blanc et les merveilles de son climat, ne me fait oublier aucune des choses qui m’ont été chères. Sois sûr que rien ne meurt en moi. J’ai une