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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/289

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

me faille la conserver encore avec quelque soin, quelque travail et quelque effort sur moi-même.

Il est heureux que l’humanité soit faite ainsi et que toutes ces différences s’y trouvent nuancées à l’infini, afin que les hommes adoucissent leurs aspérités par le frottement mutuel et se fassent des règles de conduite pour ne pas se briser les uns contre les autres.

Mais, quand deux créatures identiques se rencontrent face à face, quand, après un jour de tête-à-tête, elles s’aperçoivent avec surprise et enchantement qu’elles peuvent passer ainsi tous les jours de leur vie sans jamais se voiler ni se contraindre, et sans jamais se faire souffrir, quelles actions de grâces ne doivent-elles pas rendre à Dieu ! car il leur a accordé une faveur d’exception ; il leur a fait, dans la personne de l’ami, un don inappréciable, que la plupart des hommes cherchent en vain.


CXXI

À M. CHARLES DUVERNET, À LA CHÂTRE


Paris, 15 octobre 1834.


Mon cher camarade,

Je te trouve injuste et fou de douter de mon amitié. Ce qui répare ta faute, c’est que tu promets de t’en rapporter aveuglément et pour toujours à ma réponse.