Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
350
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

fortes, belles et vraies. Moi, je suis trop ignare pour écrire autre chose que des contes, et je n’ai pas la force de m’instruire.

Vous me parlez de Beautin, de Marphyrius et de Jouffroy. Je n’ai jamais entendu parler de ces gens-là. Je n’ai rien lu de ma vie, je ne sais que ce que j’ai vu matériellement. En lisant votre lettre, je m’étonnais (le mot est modeste) de votre incommensurable supériorité sur moi. Faites-en donc profiter le monde ; vous le devez. Franz doit vous y engager ; moi, je vous en supplie.

Bonjour, ma douce et belle cénobite. Je vous écrirai une longue lettre bien bête, et bien bonne enfant, à la première journée de repos et de liberté que j’aurai.

Je vous aime tendrement, quoique vous soyez capable de m’empoisonner. Heureusement que je n’ai pas peur de M. Franz, et que, s’il avait une pareille idée, je le tuerais d’une chiquenaude. Il est vrai que vous me tueriez après, et que je n’en serais pas plus avancée. Espérons que la destinée nous préservera de ces catastrophes étranges, que Ballanche appellerait… Ah ! ma foi, je ne me souviens plus du mot.

Dites à Franz que j’ai lu Orphée ces jours-ci, et que je suis tombée dans des extases incroyables. C’est le premier ouvrage de Ballanche que je lis. Je ne comprends pas tout ; mais ce que je comprends m’enchante. On prétend ici que cela me rendra tout à fait