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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

moi qui la trouve ressemblante ; ce qui est fâcheux pour le mérite de l’artiste.

Telle qu’elle est, je vous l’envoie, espérant que vous qui êtes plus disposée à l’indulgence, vous y mettrez beaucoup du vôtre et parviendrez à retrouver du moins la coupe du visage et l’expression douce et candide de la physionomie. Au reste, vous avez bien le talent de le retoucher. Je vous le livre. J’ai fait aussi mon portrait, mais avec plus de soin et d’attention, parce que j’avais le modèle sous les yeux et que l’observation travaillait et non l’imagination. Il n’en est pas mieux. J’ai même un air si triste et si sentimental, que je lui ris au nez de le voir ainsi et n’ose vous l’envoyer. Il me rappelle ces vers :

D’où vient ce noir chagrin qu’on lit sur son visage ?
C’est de se voir si mal gravé.

Hippolyte a dû vous dire, ma chère maman, que j’avais écrit à madame Defos pour lui demander pardon de la distraction qui m’avait empêchée de la reconnaître, et lui témoigner le désir de la voir à Clermont, si j’y vais, comme j’en ai le projet, le mois prochain.

C’est en parlant du Mont-Dore probablement que vous me dites que je ne suis qu’à quatre lieues d’elle ; car, d’ici par la route de poste, il y en a près de cinquante. Cette grande distance me fait craindre que M. Defos n’effectue point son projet de venir nous voir, à moins que quelque autre affaire ou le désir de voyager ne lui fasse prendre notre route pour revenir