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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Les rues, c’est de la séparation de pierres ; cette rivière, c’est de la séparation d’eau ; ces hommes, de la séparation en chair et en os ! Voyez Victor Hugo.

AURORE.


XXVII

À M. CARON, À PARIS


Bordeaux, 4 juin 1829.


Aimable, estimable, respectable et vénérable octogénaire, c’est pour avoir l’avantage de savoir des nouvelles de votre chancelante et précieuse santé que la présente vous est adressée par votre fille soumise et subordonnée. Comment traitez-vous ou plutôt comment vous traite la goutte, le catharre, la crachomanie, la prisomanie, la mouchomanie, en un mot le cortège innombrable des maux qui vous assiègent depuis tantôt quarante-cinq ans que j’ai le bonheur de vous connaître ? Fasse le ciel, ô digne vieillard, que vous conserviez le peu de cheveux et les deux ou trois dents qui vous restent, comme vous conserverez, jusqu’à la mort, le sentiment, et le dévouement de tous ceux qui vous entourent !

C’est aussi pour vous dire que nous sommes pour le moment dans la ville de Bordeaux, qui est grande et bien faite, regrettant amèrement que vous n’ayez pu mettre à exécution le projet que vous aviez formé