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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 1.djvu/97

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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

mais d’en avoir. Je prends tellement à cœur ses progrès, que je me désespère promptement, et j’ai bien tort. Je disais aussi, comme vous, que cela tient à ma constitution, au climat, à la digestion, etc. Pourtant, ce serait une pauvre défaite, puisqu’il est beaucoup d’occasions où je réussis à dompter l’emportement de mon caractère. Ce qu’on a pu une fois, on le peut plus d’une fois, et l’habitude le fait pouvoir presque toujours. J’espère en venir là pour mes impatiences, de même que vous avec votre apathie. La douceur m’est nécessaire pour faire quelque chose de mon fils ; un stimulant vous l’est aussi pour faire quelque chose de vous-même. L’éducation de Maurice commence, la vôtre n’est pas finie. Si vous y consentez, je vous donnerai votre tâche quand vous serez ici, et je vous autorise à vous moquer de moi quand vous me verrez en colère. Mais déjà je me suis beaucoup amendée.

Le second paragraphe de votre réponse n’est pas clair. Vous me promettez de me l’expliquer dans un an ; à la bonne heure !

Le troisième est un raisonnement si l’on veut. Il vous suffira de le relire pour voir comme il est solide. Vous dites : « Je suis franc, parce que je laisse voir aux gens qu’ils me déplaisent. J’abhorre la dissimulation, et je serais hypocrite, si j’agissais autrement. » Voilà qui est bien d’une tête de vingt ans ! croyez-vous, mon enfant, que je sois perfide et menteuse ? croyez-vous que je n’aie pas bien des fois en ma vie ressenti des