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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND


CCXVI

À M. CHARLES PONCY, À TOULON


Nohant, 23 juin 1842.


Mon cher Poncy,

Je ne vous écris qu’un mot, en attendant que je puisse vous écrire davantage. J’ai, depuis six semaines, d’affreuses douleurs dans la tête, produites par l’effet de la lumière sur les yeux. J’ai une peine bien grande à fournir mon travail à la Revue indépendante, et, quatre ou cinq jours par semaine, je suis forcée de m’enfermer dans l’obscurité comme une chauve-souris ; je vois alors le soleil et la nature par les yeux de l’esprit et par la mémoire ; car, pour les yeux du corps, ils sont condamnés à l’inaction, ce qui m’attriste et m’ennuie prodigieusement.

Je recevrai avec grand plaisir M. Paul Gaymard, voilà ce que je voulais vous répondre sans tarder.

Et puis, maintenant, je vous dis bien vite que j’ai reçu vos deux lettres ; que vos poésies sont toujours belles et grandes ; que votre Fête de l’Ascension est une promesse bien sainte et bien solennelle de ne jamais briser la coupe fraternelle où vous buvez, avec les hommes de la forte race, le courage et la douleur.

Faites beaucoup de poésies de ce genre, afin qu’elles