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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

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(censé, comme dit Maurice), afin de prendre l’air de la campagne sous mes vieux noyers et sous l’aile paternelle de ton vieux George.

Donne-moi, en attendant, de tes nouvelles à Genève sous le couvert de Liszt, Grande Rue, et aime-moi comme je t’aime.

Adieu.


CLIV

À MADEMOISELLE LEROYER DE CHANTEPIE,
À ANGERS


Nohant, 21 août 1836.


Mademoiselle,

Je ne connais qu’une croyance et qu’un refuge : la foi en Dieu et en notre immortalité. Mon secret n’est pas neuf, il n’y a rien autre.

L’amour est une mauvaise chose, ou, tout au moins une tentative dangereuse. La gloire est vide et le mariage est odieux. La maternité a d’ineffables délices ; mais, soit par l’amour, soit par le mariage, il faut l’acheter à un prix que je ne conseillerai jamais à personne d’y mettre. Quand je suis loin de mes enfants, dont l’éducation absorbe une grande part du temps, je cherche la solitude et j’y trouve, depuis que j’ai renoncé à beaucoup de choses impossibles, des douceurs que je n’espérais pas.