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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

tifiée et sanctifiée par cette antique formule qui consacre l’amitié entre les hommes.

J’ai reçu une de vos brochures, mais non la lettre à Carlo-Alberto, à moins que vous ne l’ayez envoyée après coup et qu’elle ne soit à Paris. Les traductions me sont venues, aussi. Remerciez pour moi.

Le mot traîne est local et non français usité. Une traîne est un petit chemin encaissé et ombragé. C’est comme qui dirait un sentier. Mais notre dialecte du Berry, qui n’est qu’un vieux français, distingue le sentier du piéton et celui où peut passer une charrette. Le premier s’appelle traque ou traquette, le second traîne. Le mot est joli en français et s’entend ou se devine même à Paris, où le peuple parle la plus laide et la plus incorrecte langue de France, parce que c’est une langue toute de fantaisie, de hasard et de rapides créations successives, tandis que les provinces conservent la tradition du langage et créent peu de mots nouveaux. J’ai un grand respect et un grand amour pour le langage des paysans, je l’estime plus correct.