Aller au contenu

Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 3.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

qu’eux-mêmes, leur gloire ou leur vanité, leur ambition ou leur profit.

Vous me trouverez bien triste et bien découragée. Je suis malade de nouveau ; des chagrins personnels affreux contribuent peut-être à me donner un nouvel accès de spleen ! mais à Dieu ne plaise que je veuille faire des prosélytes à mon spleen. Voilà pourquoi je ne publie rien sous l’influence de mon mal. Je tâcherai pourtant d’écrire pour vous, sous la forme d’une lettre. Si je n’y réussis pas, c’est que mon cœur est brisé. Mais les morceaux en sont bons, comme on dit chez nous, et, avec un peu de temps, ils se recolleront, j’espère.

Recevez-vous l’Événement là où vous êtes ? J’y ai publié ces jours-ci un article que les préoccupations du moment, la crise ministérielle ont fait oublier de reproduire dans les autres journaux. Je voudrais pouvoir vous l’envoyer ; mais on ne me l’a pas envoyé à moi-même. C’est par hasard que cet article a été donné à ce journal. Il est intitulé Aux modérés. C’est peu de chose, littérairement parlant ; mais vous y verrez, s’il vous tombe sous la main, que je ne suis pas obstinée.

Je vous aime et vous embrasse. Maurice aussi, Borie aussi. Il est poursuivi pour un délit de presse où, comme de juste, il a mille fois raison contre ses accusateurs.