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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/129

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DCVIII

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


Paris, 10 août 1866.


Embrassez d’abord pour moi votre bonne mère et votre charmante nièce. Je suis vraiment touchée du bon accueil que j’ai reçu dans votre milieu de chanoine, où un animal errant de mon espèce est une anomalie qu’on pouvait trouver gênante. Au lieu de ça, on m’a reçue comme si j’étais de la famille et j’ai vu que ce grand savoir-vivre venait du cœur. Ne m’oubliez pas auprès des très aimables amies, j’ai été vraiment très heureuse chez vous.

Et puis, toi, tu es un brave et bon garçon, tout grand homme que tu es, et je t’aime de tout mon cœur. J’ai la tête pleine de Rouen, de monuments, de maisons bizarres. Tout cela vu avec vous me frappe doublement. Mais votre maison, votre jardin, votre Citadelle, c’est comme un rêve et il me semble que j’y suis encore.

J’ai trouvé Paris tout petit hier, en traversant les ponts. J’ai envie de repartir. Je ne vous ai pas vus assez, vous et votre cadre ; mais il faut courir aux enfants, qui appellent et montrent les dents. Je vous embrasse et je vous bénis tous.

G. SAND.