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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/257

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savoir si les parents le permettraient volontiers. Chargez-vous, chère amie, de ma demande en même temps que de mes tendresses pour eux tous, et, si l’on m’accorde mon cher filleul, soyez sûrs tous que j’en aurai soin comme de mon propre enfant. En partant de Paris sur les neuf heures du matin (il faudra savoir au bureau si les heures ne sont pas changées), il arrivera à Châteauroux vers quatre heures de l’après-midi. Il prendra la vilaine patache que l’on appelle la diligence de la Châtre, et il sera chez nous à sept heures du soir. Le conducteur s’appelle La Jeunesse ! Il faudra lui dire : « Je ne vais pas jusqu’à la Châtre, je descends à Nohant. » On l’arrêtera devant la maison. Mes petites-filles, à qui je l’ai annoncé, se font déjà une fête de le voir, et il n’aura qu’à se préserver de trop de tendresses de leur part. Aurore demande si, étant mon filleul, ce Maurice n’est pas son cousin comme mes trois grands petits neveux, qu’elle adore ; et, comme il ne faut pas la tromper, je lui ai dit qu’il n’était pas son parent pour cela. Alors elle a repris : « En ce cas, il sera notre ami et on le mettra dans la famille tout de même. » Je suis sûre que votre Maurice l’aimera tout de suite, car elle est singulièrement drôle et gentille ; sans qu’il y ait rien de merveilleux en elle, elle a une droiture et une spontanéité de compréhension qui la rendent très intéressante. Quant à Maurice, il me paraît vivant au possible, et c’est le plus grand éloge qu’on puisse faire d’un garçon en ce temps-ci, où, à peine sortis de l’enfance, ils sont