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Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 5.djvu/261

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avec le plus d’âpreté. Que s’est-il passé dans ces esprits bouleversés ? N’y avait-il, dans leur enthousiasme, qu’une question d’intérêt, et la peur est-elle la suprême fantaisie ?

Vous ne voyez pas cela à Paris, là où vous êtes situé. Ce vieux Sénat vous impose, il vous indigne, et vous applaudissez les libres penseurs qu’on persécute. En province, on sent que cela ne tient à rien, et, généralement, on est abattu, parce qu’on méprise le parti du passé et qu’on redoute celui de l’avenir. Quelle étincelle allumera l’incendie ? un hasard ! et quel sera l’incendie ? un mystère ! Je suis naturellement optimiste ; pourtant j’avoue que, cette fois, je n’ai pas grand espoir pour une génération qui, depuis quinze ans, supporte les jésuites. — J’en reviendrai peut-être. — J’attends !

Songez à votre promesse de venir nous voir.

À vous de cœur.

G. SAND.


DCLXX

À MADAME EDMOND ADAM, À PARIS


Nohant, 8 juin 1868.


Cher enfant,

Quand vous verra-t-on ? On vous attend maintenant