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amis de Nohant, qui pensent bien à vous et vous chérissent toujours.

GEORGE SAND.


CMXXIV

À M. SCIPION DU ROURE, À BARBEGAL, PRÈS ARLES


Nohant, 4 janvier 1875.


Cher bon ami, on vous remercie en masse. Les petites filles, qui ne sont point gourmandes de bonbons, adorent vos fruits du Midi et disent, dans leur petit patois berrichon, que vous êtes ben mignon d’avoir pensé à elles. Ma petite queue rouge s’ébouriffe de contentement à votre bon souvenir.

Tout va bien chez nous, sauf ma santé, qui n’est pas très brillante depuis quelques mois. L’estomac est toujours fragile et capricieux ; mais je n’ai pas le droit de me plaindre, puisque je porte la vieillesse sans infirmité et sans me douter que j’ai soixante-dix ans bien comptés. Vous n’avez pas cet âge-là. Ne croyez donc pas que vous ne recouvrerez pas la santé et que c’est la vieillesse qui donne des fatigues et des langueurs. Vous reverdirez, nous reverdirons avec le printemps, et le vrai remède, c’est de ne point penser à son mal, de n’y pas croire, de ne pas s’en soucier.