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à peine vus, et nous restons avec plus de regrets que de souvenirs. Vous ne nous dites pas comment vous avez fait le voyage et si le cher Séchan n’a pas été trop fatigué. Et Toto, la fleur délicate, a-t-elle pu dormir en route ? Nous vous embrassons tous bien tendrement. Clerh est reconnaissant de votre bon souvenir.

Écrivez-nous et revenez bientôt.

G. SAND.


DCCXXXIX

À GUSTAVE FLAUBERT, À CROISSET


Nohant, 26 juillet 1870.


Je trouve cette guerre infâme ; cette Marseillaise autorisée, un sacrilège. Les hommes sont des brutes féroces et vaniteuses ; nous sommes dans le deux fois moins de Pascal ; quand viendra le plus que jamais ?

Nous avons ici des 40 et 45 degrés de chaleur à l’ombre. On incendie les forêts : autre stupidité barbare ! Les loups viennent se promener dans notre cour, où nous les chassons la nuit, Maurice avec un revolver, moi avec une lanterne. Les arbres quittent leurs feuilles et peut-être la vie. L’eau à boire va nous manquer ; les récoltes sont à peu près nulles ; mais nous avons la guerre, quelle chance !