Page:Sand - Cosima.djvu/34

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un père, c’est Alvise, c’est votre époux, madame. Son bonheur ne m’est pas plus cher que le vôtre, mais son honneur…

COSIMA, avec amertume.

Toujours, à propos de moi, l’honneur de mon mari !… En vérité, j’admire le soin que chacun prend ici de ce trésor apparemment si fragile. Mais je crains qu’il n’en soit comme de toutes les choses précieuses qu’on ternit en y portant une main indiscrète et maladroite.

NÉRI, à part, avec abattement.

Elle me hait !




Scène IV


Les Mêmes, ALVISE, FARGANACCIO, MALAVOLTI, PASCALINA.


Cosima s’avance vers son mari, qui l’embrasse au front.


ALVISE.

Dieu soit avec toi, mon bel ange ! Voici nos amis Malavolti et Farganaccio que j’amène souper. Je ne t’en ai pas avertie, sachant qu’ils seront toujours pour toi, comme pour moi, les bienvenus.

Cosima les salue gracieusement. Farganaccio lui baise la main.
PASCALINA, à Alvise.

Mais, moi, vous eussiez bien dû m’avertir ; vous allez faire un mauvais souper.

FARGANACCIO, qui l’a entendue.

Ah ! nous sommes venus à condition qu’on n’y changerait rien ! (à Alvise.) Si vous ne vous mettez à table tout de suite, nous croirons que vous manquez de parole.

ALVISE.

Eh ! sans doute. Point de façons entre vieux amis. — Mais, dis-moi, Cosima, il fait bon ici. Est-ce que nous ne pourrions pas y souper ?

COSIMA.

Rien de plus simple. Pascalina, faites apporter la table.