Page:Sand - Cosima.djvu/58

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PASCALINA.

Il vient fort peu depuis que notre maître est en voyage.

GONELLE.

Fort peu, fort peu ! D’où vient donc que je le rencontre ici quasi tous les soirs ? Quand je quitte mon ouvrage, je le vois se glisser sous les tilleuls, et, quoiqu’il s’enveloppe dans son manteau, et qu’il laisse son cheval au bas de la montagne, je sais bien que c’est lui, allez !

PASCALINA.

Eh bien, quand ce serait lui, quel mal y voyez-vous ?

GONELLE.

Est-ce que j’y vois du mal, moi ? Qu’est-ce que ça me fait qu’il vienne ici une fois ou deux par semaine ? Quand il viendrait trois fois, quatre fois, cinq…

PASCALINA.

Tu es un sot ! Au lieu de penser aux affaires d’autrui, tu ferais mieux de travailler, paresseux ! Allons, voilà madame qui vient prendre le frais sur sa terrasse, allez-vous-en, et ne revenez pas rôder autour d’elle. Vous l’importunez !

GONELLE, s’en allant.

C’est égal, il y a quelque chose là-dessous.

Il sort.




Scène II

PASCALINA, COSIMA.

Cosima entre rêveuse par le fond du théâtre.

PASCALINA, à part.

Toujours triste ! Ah ! si ce méchant la rendait heureuse du moins ! M’est avis que, s’il y a tant de femmes malheureuses dans le mariage, ce n’est pas tant la faute du sacrement que celle des hommes, et que, s’il y en a tant qui font de méchants maris, c’est qu’il y en a plus encore qui font des amoureux détestables. (Haut.) Madame veut-elle accepter mon bouquet de ce soir ?