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Page:Sand - Dernieres pages.djvu/178

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réservé, si porté à railler les artistes exubérants (les artistes chevelus d’alors), ne travaillait guère sans fièvre et sans expansion vibrante : « Ces fleurs me rendront fou, disait-il. Elles m’éblouissent, elles m’aveuglent. Je ne peux pas me décider à les éteindre, tant je suis amoureux de leur fraîcheur et de leur éclat. Il faut pourtant que j’en sacrifie les trois quarts pour les mettre à leur plan et faire sortir de la toile celles qui viennent à moi. » J’avais alors de nombreux échantillons de papiers peints, que je m’étais procurés pour les imiter en tapisserie. Il s’extasiait devant ces échantillons, devant ces bouquets, ces semis et ces guirlandes de fleurs d’un effet si puissant et d’un travail si sobre. « Ces gens-là sont nos maîtres, disait-il ; si j’avais à recommencer ma vie, j’irais à leur école ! »

Qu’il eût été heureux, notre ami, si le théâtre des marionnettes eût existé chez nous à cette époque ! Quels décors il nous eût faits ! Il ne cessait de dire à Maurice : « Peins à la colle, mon cher enfant, peins à la colle ! Il n’y a que cela de vrai. C’est de la peinture par A + B et c’est parce que nous avons perdu l’A + B de la peinture à l’huile, que le public patauge,