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Page:Sand - Dernieres pages.djvu/248

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Tes pas lassés. Ah ! que son bras fidèle
S’enlace au tien ! Réchauffe sous ton aile

Ce bras frileux
Prends cet appui dont tu seras le guide.

Voici un très-beau sonnet qui est comme le Nunc dimittis de l’âme renouvelée :

Sous les tiédeurs d’avril s’épanouit la rose.
Un soleil plus ardent mûrit l’or des sillons,
Et l’astre fécondant garde de chauds rayons
Pour colorer les fruits dont l’automne dispose.

Même au foyer frileux, quand le soir nous veillons.
Quand, le front ceint de neige, accourt l’hiver morose,
Qu’on ne voit plus au ciel oiseaux ni papillons.
S’il survit une fleur pâle et tardive éclose,

C’est que le Radieux, en sa fuite arrêté,
Pour cette enfant débile a voulu luire encore.
Et d’un dernier regard lui fit signe d’éclore.

Ainsi, dans son printemps, dans l’hiver redouté,
Tout beau jour, toute joie accordée à la femme,
Naissent à ton aspect, amour, soleil de l’âme.

Par une matinée de mai 1849, elle est heureuse encore, car elle espère ; elle a déjà parlé de six ans déjà passés près de son ami.

… À l’horizon des bois, le jour renaît serein.
Espérons ! constamment le ciel n’est pas d’airain.
Aujourd’hui guérira les douleurs de la veille.
Allons revoir, ami, la forêt qui s’éveille.