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Page:Sand - Dernieres pages.djvu/266

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des localités qu’il avait traversés sans les voir. Il demandait à ceux qui l’accompagnaient : « Qu’y a-t-il là devant nous ?… et à droite ? et à gauche ? »

D’après la nature du terrain décrit par l’interlocuteur, il disait : « En ce cas, voici les plantes qui croissent sur ce rocher, celles qui sont au bord de la rivière, celles qui tapissent les dépressions de la colline. » Et il ne se trompait pas. Il pouvait décrire et affirmer.

Il laisse dans nos cœurs un vide irrémédiable. Ce pauvre cher aveugle était un centre, un lien. Toujours attentif à faire oublier son malheur, il vivait pour les autres et leur communiquait sa vie. Jusqu’au moment où une faiblesse extrême a fermé ses lèvres, il ne les a ouvertes que pour consoler ses proches, soutenir ses amis et bénir sa famille.


Nohant, 3 novembre 1874.