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Comme on parlait déjà beaucoup d’elle dans le pays, j’étais assez curieuse de la voir de près, mais elle avait quelque avance sur nous, et, quand sa monture sentit approcher les nôtres, elle prit le galop pour n’être pas dépassée.

C’était une toute petite bête assez gentille, malgré la vulgarité de sa race marchoise.

— Voilà, me dit mon frère, une petite pouliche de landes qui ne manque pas d’ardeur. Mais que cette dame est donc mal installée là-dessus ! Si la bête faisait le moindre écart à gauche…

Comme il disait cela, la jument fit un notable écart à gauche, et la dame se trouva debout sur ses pieds, sans avoir fait de mouvement apparent pour s’y mettre. La petitesse de l’animal et les longues jambes de l’écuyère expliquaient la facilité de leur séparation.

Elle se trouvait donc plantée devant nous comme un peuplier, dont elle avait la sveltesse penchée, et, quand elle entendit mon frère s’écrier :

— Ah ! j’en étais sûre, qu’elle tomberait !

— Je ne tombe jamais, répondit-elle, avec un calme enjoué. Quand mon cheval me fait des folies, je le quitte, voilà tout.