Page:Sand - Flamarande.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

race du Midi, c’est le soleil du Midi qui a rougi le cou et les oreilles. Notre soleil, à nous, mord bien quand il s’y met ; seulement, il ne dore pas, il noircit. Et puis voyez les yeux de ce petit-là ! Ça n’est pas les yeux d’un paysan, ça ne s’étonne de rien et ça a l’air de penser au-dessus de son âge. C’est le fils d’un monsieur très comme il faut, qu’au premier moment j’ai pris pour vous, monsieur Charles.

— Pour moi, Yvoine ?

— Pour vous. Et demandez-moi pourquoi, je n’en sais rien. Il ne vous ressemblait pas plus que je ne vous ressemble. Je ne sais pas du tout pourquoi j’ai pensé à vous en le voyant, et puis j’ai vu que ce n’était ni votre âge ni votre manière de parler.

— Comment donc était-il, ce monsieur si comme il faut ?

— Ah ! oui-dà, non ! je ne vous le ferai pas connaître. Je suis l’ami des Michelin, et me voilà de leur secret par conséquent.

— Mais vous savez d’où il venait ?

— Il venait d’Aurillac, voilà tout ce que j’en sais, et je le saurai quand je voudrai.

— En vérité ? vous êtes un habile homme !

— Pas plus que vous ; mais je roule comme un vieux caillou sur les chemins, et je tâche de comprendre ce que je vois.

— Vous avez voyagé, puisque vous connaissez le soleil du Midi ?