Page:Sand - Flavie, 1875.djvu/111

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— Cela empêche-t-il votre père d’être le meilleur des hommes et de vous gâter horriblement ? Quelle fille est plus heureuse que vous ?

— Je ne serai peut-être pas toujours heureuse, par la raison que j’ai été horriblement gâtée. Et, si j’ai été gâtée ainsi, ce n’est pas seulement parce que j’ai pour père le meilleur des hommes, mais encore parce que cet homme excellent est absorbé par une idée fixe qui l’a toujours empêché de m’étudier et de me connaître. Je pardonne de toute mon âme à ce bon père si candide, si pur, si doux, si généreux, qu’il est presque un ange. J’estime tout homme qui, en fait de passion, n’en a que d’innocentes comme la sienne. J’en peux faire mon ami, mais mon mari, jamais !

— Vous avez tort, ma chère. Une passion qui donne à l’homme cette disposition à être un ange (comme vous le dites de votre père avec raison) n’est pas seulement innocente, elle est