Aller au contenu

Page:Sand - Flavie, 1875.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le café se prolongea. Nous étions sur une magnifique terrasse d’où l’on domine un site très-vaste. Le soleil se couchait derrière une masse d’arbres en fleur qui en adoucissait l’éclat, comme eût fait un rideau de mousseline blanc et rose. Le jardin sentait comme un bouquet que l’on aurait eu à la ceinture. Tu sais, je ne suis pas pour la description. Pourtant j’aime la nature quand elle est parée et parfumée, et le printemps me plaît parce qu’il a un air de fête et de gala.

Comme je regardais, en me livrant à une velléité de métaphore intérieure, la sérénité du ciel reflétée en quelque sorte sur la figure de cet homme qui m’avait été odieux la veille, et qui maintenant se présentait à moi comme le plus inoffensif des êtres, il me regarda à son tour, et l’on eût dit qu’il me voyait pour la première fois. Il se fit dans ses yeux je ne sais quelle clarté riante, et il dit sans le moindre embarras à mon père :