Page:Sand - Francia.djvu/105

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Il lui sourit en faisant une grimace qui exprimait d’une manière effroyable ses accès de bienveillance, et il la conduisit droit à l’appartement de son maître, où M. Valentin, le gardien du local, apprêtait le lit et achevait de ranger le salon.

C’était un petit vieillard très-différent de son ami, le formaliste et respectueux Martin. Le jeune financier qu’il avait servi menait joyeuse vie et n’avait eu qu’à se louer de son caractère tolérant.

En voyant entrer une jolie fille très-fraîchement parée, car elle avait fait sa plus belle toilette pour aller en loge à l’Opéra, il crut comprendre d’emblée, et lui fit bon accueil.

— Asseyez-vous, mam’selle, lui dit-il d’un ton léger et agréable ; puisque vous voilà, sans doute que le prince va rentrer.

— Croyez-vous qu’il rentrera bientôt ? lui demanda-t-elle ingénument.

— Ah çà ! vous devez le savoir mieux que moi : est-ce qu’il ne vous a pas donné rendez-vous ?

Et, saisi d’une certaine méfiance, il ajouta :

— J’imagine que vous ne venez pas chez lui