Page:Sand - Francia.djvu/145

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cre, il pouvait prendre patience : Francia lui plaisait réellement.

Le soir, en soupant avec elle dans sa petite chambre, il se mit à l’aimer tout à fait. Il était capable d’aimer tout comme un autre, de cet amour parfaitement égoïste qui se prodigue dans l’ivresse sauf à s’éteindre dans les difficultés ultérieures. Il est vrai que dans l’ivresse il était charmant, tendre et ardent à la fois. La pauvre Francia, après lui avoir naïvement avoué l’effroi et le chagrin de son isolement, se mit à l’aimer de toute son âme et à lui demander pardon d’avoir regretté quelque chose, quand elle n’eût dû que ressentir la joie de lui appartenir.

— Tenez, lui disait-elle, je n’ai jamais su jusqu’à ce jour ce que c’est qu’aimer. Regardez-moi, je n’invente pas cela pour vous faire plaisir !

En effet, ses yeux clairs et profonds, son sourire confiant et pur comme celui de l’enfance, attestaient une sincérité complète. Mourzakine était trop pénétrant, trop méfiant, pour s’y tromper. Il se sentait aimé pour lui-même dans toute l’accep-