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Page:Sand - Francia.djvu/174

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Quand elle se vit tête à tête avec lui dans cette niche sombre, où, en se tenant un peu au second plan, elle n’était vue de personne, elle se rassura. En jetant les yeux sur ce public où pas une figure ne lui était connue, elle sourit de la peur qu’elle avait eue d’y être découverte, et elle oublia tout encore une fois, pour ne sentir que la joie d’être dans un théâtre, dans la foule, parée et ravie, dans le souffle chaud et vivifiant de Paris artiste, seule et invisible avec son amant heureux. C’était la sécurité, l’impunité dans la joie, car Francia, élevée dans les coulisses du spectacle ambulant, aimait le théâtre avec passion. C’est en l’y menant quelquefois que Guzman l’avait enivrée. Elle aimait surtout la danse, bien que sa mère, en lui donnant les premières leçons, l’eût souvent torturée, brisée, battue. Dans ce temps-là, certes elle détestait l’art chorégraphique ; mais depuis qu’elle n’en était plus la victime résignée, cet art redevenait charmant dans ses souvenirs. Il se liait à ceux que sa mère lui avait laissés. Elle était fière de s’y connaître un peu et de pouvoir apprécier certains