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Page:Sand - Francia.djvu/176

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Elle fut prise de peur. Était-ce bien lui ? Que venait-il faire au théâtre, lui qui n’y comprenait rien, et qui était trop rangé pour se permettre un pareil luxe ? L’acte finissait. Quand elle se hasarda à regarder encore, il n’était plus là. Elle espéra qu’il ne reviendrait pas, ou qu’elle avait été trompée par une ressemblance. Antoine avait une de ces têtes pour ainsi dire classiques par leur banalité, qu’on ne rencontre plus guère aujourd’hui dans les gens de sa classe. Les types tendent à se particulariser sous l’action d’aptitudes plus personnelles. À cette époque, un ouvrier de Paris n’était souvent qu’un paysan à peine dégrossi, et si quelque chose caractérisait Antoine, c’est qu’il n’était pas dégrossi du tout.

Mourzakine sortit pour aller chercher des oranges et des bonbons. Francia l’attendit en se tenant d’abord bien au fond de la baignoire ; mais elle s’ennuya, et, voyant la salle à moitié vide, le parterre vide absolument, elle s’avança pour se donner le plaisir de regarder la toile. En ce moment, elle se trouva face à face avec le regard doux et le