Page:Sand - Francia.djvu/193

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que vous craignez tant ? ne m’avez-vous pas, conseillée d’être aimable avec lui, de le ménager, pour qu’il ne vous écrasât pas de son courroux ?

— La preuve, lui répondit Mourzakine, que je ne le crains pas pour moi, c’est que me voici à vos pieds jurant que je vous adore. Vous pouvez le lui redire. Un sourire de votre bouche de rose, un doux regard de vos yeux d’azur, et que je sois brisé après par le tsar lui-même, je ne me plaindrai pas de mon sort !

Diomiditch n’avait pas beaucoup à craindre que la marquise trahît sa propre défaite, devenue imminente ; elle n’en fut pas moins dupe d’une bravoure si peu risquée, et se laissa adorer, supplier, enivrer et vaincre.

Les larmes et les reproches vinrent après la chute ; mais il était fort tard, trois heures du matin peut-être. M. de Thièvre pouvait rentrer. Elle recouvra sa présence d’esprit, et sonna Martin.

— Le marquis ne rentre pas, lui dit-elle, il sera peut-être retenu jusqu’au jour ; je suis fatiguée d’attendre, reconduisez le prince…