Page:Sand - Francia.djvu/220

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dormi, de se le faire rendre par une lâche supplication ; peut-être même ne l’essaierait-il pas du tout !

Francia mesura l’abîme où elle était tombée. La fièvre faisait claquer ses dents. Elle sentait son cœur aussi glacé que ses membres. Elle repassa dans son esprit encore lucide tous les événements de la soirée : la soumission avec laquelle Mourzakine l’avait abandonnée au ravisseur était pour elle le plus poignant affront. Guzman lui était infidèle aussi, lui ; mais il lui faisait encore l’honneur d’être brutalement jaloux. Il l’eût tuée plutôt que de la céder à un autre. Mourzakine s’était contenté de lui fournir un moyen de tuer son rival.

— Pourquoi a-t-il eu cette pensée, se dit-elle, puisqu’à présent le voilà qui dort et ne se souvient plus que j’existe ? Sans doute qu’il hérite de son oncle et qu’il m’aurait su gré de le faire hériter tout de suite !

Elle eut un rire convulsif et crut entendre résonner à ses oreilles les paroles de l’invalide : « Il a tué ta mère, cela doit être vrai, il rit de t’avoir