Page:Sand - Francia.djvu/46

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Il s’assit auprès d’elle en se disant :

— Flore ! c’était le nom de la petite chienne de ma grand’mère. C’est singulier qu’en France ce nom soit un nom distingué ! Peut-être que le marquis s’appelle Fidèle, comme le chien de mon grand-oncle !

Le temps n’était pas encore venu où toutes les jeunes filles bien nées devaient se nommer Marie. La marquise datait des temps païens de la Révolution et du Directoire. Elle ne rougissait pas encore de porter le nom de la déesse des fleurs. Ce ne fut qu’en 1816 qu’elle signa son autre prénom Elisabeth, jusque-là relégué au second plan.

Le marquis, tout plein de son sujet, entretint loquacement sa femme et Mourzakine de ses espérances politiques. Le Russe admira la prodigieuse facilité avec laquelle ce petit homme parlait, mangeait et gesticulait en même temps. Il se demanda s’il lui restait, au milieu d’une telle dépense de vitalité, la faculté de voir ce qui se passait entre sa femme et lui. À cet égard, le cerveau du marquis lui apparut à l’état de vacuité ou d’impuissance