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d’une parure outrée, beaucoup coiffées de lis aux premières loges ; aux galeries, quelques-unes portaient un affreux petit chapeau noir orné de plumes de coq, appelé chapeau à la russe, et imitant celui des officiers de cette nation. Le chanteur Laïs, déjà vieux, et se piquant d’un ardent royalisme, était sur la scène. L’empereur de Russie avec le roi de Prusse occupait la loge de Napoléon et Laïs chantait sur l’air de vive Henri IV certains couplets que l’histoire a enregistrés en les qualifiant de « rimes abjectes. » La salle entière applaudissait. La belle marquise de Thièvre sortait de sa loge deux bras d’albâtre pour agiter son mouchoir de dentelle comme un drapeau blanc. Du fond de la loge impériale, le monumental Ogokskoï la contemplait. Mourzakine était tellement au fond, lui, qu’il était dans le corridor.

Au cintre, le petit public qui simulait la partie populaire de l’assemblée applaudissait aussi. On avait dû choisir les spectateurs payants, si toutefois il y en avait. Tout le personnel de l’établissement avait reçu des billets avec l’injonc-