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HISTOIRE

À quelque temps de là, on vit arriver dans la contrée une très-belle et très riche princesse, avec une grande reine qui était sa mère et qui venait traiter du mariage de cette demoiselle avec M. Bourdon. L’affaire fut bientôt conclue. Il y eut des fêtes à en crever ; on invita le roi qui fut bien content d’être du repas de noces, et quand M. Bourdon fut marié, il parut plus riche de moitié qu’auparavant.

Sa femme était fort jolie et fort spirituelle, elle traitait Gribouille avec beaucoup d’amitié, mais Gribouille ne réussissait pas à l’aimer autant qu’il l’eût souhaité. Elle lui faisait toujours peur, parce qu’elle lui rappelait la princesse des abeilles qu’il avait cru voir sous le figuier, le jour où l’essaim avait mis son âne en fuite, et, lorsqu’elle l’embrassait, il s’imaginait toujours qu’elle allait le piquer. Elle avait la même manie de manger du miel et des sirops, qui déplaisait tant à Gribouille dans M. Bourdon. Et puis elle parlait toujours d’économie, et tandis que l’on apprenait à Gribouille l’art de compter, elle le tourmentait en lui disant sans cesse qu’il lui fallait aussi l’art de produire.

À tout prendre, la maison de M. Bourdon devint plus tranquille après son mariage, mais elle n’en fut pas plus gaie. Madame Bourdon était avare, elle faisait durement travailler tout le monde. Le royaume s’en ressentait et devenait très riche. On faisait toutes sortes de travaux, ou