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jean ziska.

sacraient les communiants, et faisaient boire le vin des calices à leurs chevaux. De leur côté, les Praguois enlevèrent le château de Conraditz, après que la garnison eut capitulé et se fut retirée à cheval. La forteresse fut brûlée.

Dès les premiers jours de l’année 1421, Ziska sortit de Prague pour aller visiter ses bons amis et ses beaux-frères ; c’est ainsi qu’il appelait les moines. Il faut répéter ici que cette guerre aux couvents ne manquait pas de périls, et que Ziska y perdit beaucoup de monde. On ne les prenait déjà plus à l’improviste ; tous s’étaient mis en état de défense, et soutenaient de véritables sièges. Les nonnes mêmes, appelant les troupes impériales à leur secours, faisaient bonne résistance, et subissaient les horreurs de la guerre. On les noyait dans leurs fossés, on les pendait aux arbres de leurs jardins. Beaucoup de ces infortunées, dit-on, moururent de peur avant que l’implacable main des Taborites se fût appesantie sur elles, ou de misère et de froid, en fuyant à travers les bois et les montagnes.

Ziska passait sans interruption et sans repos d’une conquête à l’autre. La ville royale de Mise[1] se rendit à lui volontairement. C’était la patrie de Jacobel, qui l’avait convertie au hussitisme. La forteresse de Schwamberg capitula après six jours de siège. Rockisane, patrie du fameux Jean Rockisane, qui devait bientôt jouer un grand rôle dans cette révolution, fut conquise. Chotieborz et Przelaucz eurent le même sort. Cottiburg se défendit ; plus de mille Taborites y périrent. Commotau fut livrée par une sentinelle allemande, qui tendit son chapeau par un trou de la muraille, pour qu’on le lui remplit d’argent. Les Taborites châtièrent sa lâcheté après en avoir profité, et l’immolèrent le premier. Ziska avait été aigri

  1. Ou Meiss.