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jean ziska.

grands justifièrent leur collègue, et le juste-milieu passa condamnation.

XI.

La plupart des historiens placent à l’année 1421, au milieu de laquelle nous voici arrivés, la persécution principale de la secte des Picards par Jean Ziska. Voici ce qu’ils racontent :

Une fois, Ziska apprit qu’une secte (les uns disent qu’elle était composée de quarante personnes, les autres d’une grande multitude) s’était emparée d’une île dans la rivière de Lusinitz (je ne pense pas qu’aucune rivière ait d’île assez grande pour être occupée par une grande multitude). Cette secte était venue de France (de la Gaule Belgique) avec un prêtre nommé Picard, qui se disait fils de Dieu, et se faisait appeler Adam. Il faisait des mariages, ce qui n’empêchait pas que les femmes fussent communes entre eux ; assertion fort contradictoire. Ils allaient nus, satisfaisaient leurs passions au milieu de leurs offices religieux, se livraient à mille dérèglements qu’on ne peut même indiquer, et tout cela au nom de leur croyance, avec un fanatisme sérieux, se disant les seuls hommes libres, les seuls enfants de Dieu, les êtres purs par excellence, qui ne pouvaient pécher, parce qu’ils étaient arrivés à l’état de perfection et de sainteté qui n’admet plus la notion du mal. « Il en sortit un jour quarante de l’île, qui forcèrent les villages voisins et tuèrent plus de deux cents paysans, les appelant enfants du diable. Ziska les assiégea dans leur île, s’en rendit maître, et les passa tous au fil de l’épée, à la réserve de deux, de qui il voulait apprendre quelle était leur superstition, » et des femmes dont plusieurs accouchèrent en prison sans qu’on pût les convertir. Ulric de Rosenberg se donna le plaisir de les faire brûler. Elles